Histoire et patrimoine
Origines
Le village est cité pour la première fois en l’an 782 mais sous le nom de Winfriedesheim, puis au fil des siècles, cette appellation s’est transformée en Wiversheim ou Wiffersheim avant d’arriver au toponyme actuel. En 1693, Wiwersheim comptait 20 familles avec 73 personnes adultes et 52 enfants.
Jusqu'à la Révolution de 1789, Wiwersheim qui fait partie de la seigneurie des barons de Wangen à Géroldseck est dirigé par un prévôt ou Schultheiss nommé par le seigneur sur proposition des chefs de famille ; il était habituellement choisi parmi les laboureurs les plus aisés de la localité. Gardiens des droits et des privilèges de la communauté, exerçant la justice pour les affaires de moindre importance, il était entouré d’une assemblée locale composée d’échevins « Schoeffen ». Tout n’était pas toujours parfait. C’est ainsi qu’en 1769, après avoir « entendus avec beaucoup de chagrin que toutes sortes de désordres et de manquements à la discipline se sont répandus dans le village », le baron de Wangen fait publier un nouveau « Règlement de police » (Dorfordnung) qui en 67 paragraphes, impose à tous les habitants (hommes, femmes et domestiques) une vie disciplinée.
De cette époque date les fermes traditionnelles situées dans la rue qui descend en pente vers le vallon du Plaetzerbach. Les « Hofname rappellent la fonction ou la profession de leurs anciens occupants : Schulze (la ferme du Schultheiss), s’Schlossbure (le fermier du château), s’Schuel-resslers (chez André l’instituteur), s’Keaffers (chez le tonnelier), s’Schmette (chez le forgeron), s’Wurtz (ancienne auberge « A la couronne »), et bien d’autres.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, l’artisanat local (principalement la forge et la sellerie) disparaît et le village, qui s’urbanise se concentre à l’agriculture.
L'église
En 1333, il y est fait mention d’une chapelle dédiée à St Georges, (patron remplacé au XVIIIe siècle par St Cyriaque, l’un des quatorze saints auxiliaires vénérés en Alsace) qui se trouvait sur le cimetière et dominait le cœur du village. Les années 1700 apporteront de grands changements dans le village. L’église romane du Moyen Âge située dans l’enceinte du cimetière est démolie pour faire place à une nouvelle sur le même emplacement. En 1847, elle sera fermée au culte. En 1887 est posée la première pierre de l’église actuelle.
Au plan patrimonial elle mérite tout particulièrement le détour.
On y trouve 3 styles différents d’architecture :
Le vrai style gothique dans les structures du chœur provenant de l’ancienne chapelle du pèlerinage
Le style néoclassique pour la nef.
Le style néogothique pour la tour qui sert de porche.
L’intérieur comprenant également des sculptures en grès et en bois. Elle renferme aussi plusieurs œuvres d’art, notamment une statue de la Vierge, (Piéta se trouvant actuellement au centre du maître autel de style néogothique) et un vitrail ainsi que plusieurs tableaux.
L’orgue de 1899, a été remis à neuf par les Ets Yves Koenig en 2002 sur la base de l’ancien orgue Roethinger, et inauguré le 18 mai 2002.
Mais Wiwersheim était surtout connu pour son pèlerinage et sa chapelle dédiée à Notre Dame des Sept Douleurs située au bord de la route de Saverne. L’acte de fondation de cette chapelle date du 29 mai 1459, quand l’évêque de Strasbourg confia le lieu saint au frère Henselin Gungesheim.
Rapidement, la zone d’influence de ce pèlerinage dépassa les frontières de l’Alsace ; en 1491 les membres de la « Fraternité de la compassion de la Sainte Vierge de Wiwersheim » étaient originaires des diocèses de Mayence, Worms, Spire, Constance, Bâle, Augsbourg, et Wurzbourg. Grâce aux nombreux dons, la trésorerie était florissante ; le presbytère (actuelle mairie) porte encore la date de 1557. Une auberge pour les pèlerins se trouvait à proximité du sanctuaire. A partir de 1617, le pèlerinage fut confié aux Jésuites de Molsheim qui en firent un centre de leur rayonnement spirituel.
Le cimetière
Situé sur l’emplacement de l’ancienne église dont la croix est datée 1783, a conservé des monuments sépulcraux du 19ème siècle.
Le banc du roi de Rome
Les jours de foire ou de marché étaient dès le Moyen Age pour les habitants des villages l'occasion de venir dans les petites villes qui avaient le droit de marché. Chaque semaine voyait les paysans et les paysannes lourdement chargés amener les produits de leur récolte ou élevage. Les paysannes portaient de lourds paniers sur leur tête protégée par un coussinet (Wisch) rempli de son et de balles de blé, ce qui fortifiait le cou et donnait à nos aïeules fière allure. Les paysans par contre-portaient leurs produits ou leurs achats dans une hotte accrochée au dos par deux courroies de cuir. Le chemin du marché était souvent fort long et les haltes fréquentes à l'ombre des arbres qui bordaient la route.
En 1811, le marquis de LEZAY-MARNÉSIA était préfet du Bas-Rhin. Cet administrateur impérial déploya, tous ses efforts pour améliorer les conditions d'existence des paysans et fut d'ailleurs surnommé "le préfet laboureur". Connaissant ces longues marches et haltes, le préfet décida la création de bancs reposoirs le long des routes qui menaient aux lieux de marché.
Il demanda aux municipalités de généraliser leur construction à l'occasion de la naissance de François, Charles, Joseph Bonaparte, Roi de ROME et Duc de REISCHTADT, honorant ainsi l'Empereur NAPOLÉON Ier et son épouse Marie-Louise.
Voici des-extraits de la lettre adressée aux municipalités en date du 22 avril 1811 : "La solennité du deux juin doit être marquée non seulement par l'allégresse universelle, mais encore par des monuments, qui en éternisent le souvenir... L'un de ceux que je veux généraliser dans les départements est celui des reposoirs placés de distance en distance, le long des routes et des chemins communaux, pour la facilité des voyageurs et des cultivateurs qui portent des fardeaux. Je vous invite à prendre vos mesures pour d'une demi-lieue en une demi-lieue un reposoir en pierre soit établi... Il conviendra d'y joindre un banc... et derrière ces bancs seront placés 4 à 5 arbres... Il faut qu'un jour chacun dise en se reposant sous ces ombrages "nous le devons au Roi de ROME".
L'empressement des communes fut tel que le 8 mai 1811, le préfet écrit : "Je savais tout ce qu'est capable de produire l'enthousiasme des Alsaciens pour l'Empereur. Ce qui montre jusqu'où va l'élan, c'est que je suis sans cesse obligé de le modérer".
Très peu de ces bancs de 1811 surnommés par la population Nabele Bänk (Napoléon Bänke) ont survécu ...Celui de Wiwersheim se dressait sur le coté droit en direction de Schnersheim et déplacé plusieurs fois, pour finir après réfection à son emplacement actuel au centre du village, à coté de la mairie.
Le tramway
Situé sur l’ancienne ligne de tramway reliant Truchtersheim à Strasbourg, Wiwersheim comptait aussi sa station, aujourd’hui transformée en restaurant réputé pour ses tartes flambées.
Dans ce village, la gare était plus particulièrement destinée au chargement de marchandises, notamment de betteraves sucrières, mais aussi d’autres matériaux utilisés aux alentours.
Un pont-bascule facilitait alors les manœuvres.
A proximité, un silo à grain est construit en 1935 et permet, aujourd’hui encore aux agriculteurs de livrer leurs céréales qui sont séchées et stockées dans ces bâtiments gérés par le Comptoir agricole de Hochfelden.
Station de Wiwersheim
Auberge "A l'agneau d'or" vers 1905
L'ancienne mairie-école
Construite en 1843, était fréquentée dès lors par les enfants de Wiwersheim et Behlenheim puis ceux de Dossenheim-Kochersberg en regroupement pédagogique.
Le 23 novembre 1944, le général Leclerc installe son quartier général à l’école de Wiwersheim et y dirige les opérations de la 2e DB avant l’assaut final pour la libération de Strasbourg. Un évènement qui fait la fierté de Wiwersheim.
Une poignante et émouvante cérémonie du souvenir commémorait le 50ème anniversaire de la libération en présence de la fille du Maréchal et de son époux, M. de Francqueville ainsi que du Général Boissin.
Cette mairie-école n'est plus la propriété de la commune qui a vendu ce bâtiment. Par contre, le nouvel acquéreur s'est engagé à conserver sur la façade, à droite de la porte d'entrée, la plaque marquant le passage du général Leclerc à Wiwersheim et la réunion de son Etat-Major sur ce site avant d'aller délivrer Strasbourg.
Deux sculptures en grès des Vosges sur la façade de la mairie, derrière le banc du Roi de Rome
Le monstre
Sculpture qu’on peut appeler « le monstre », qui avait pour but de chasser les mauvais esprits.
Elle se trouvait sur le mur du jardin du presbytère, le long de l’église, avant d’être récupérée pour figurer sur la façade de la nouvelle mairie lors de sa construction.
Jesus Hominum Salvator
Avant les travaux de construction de la mairie et d’aménagement de la nouvelle place du village, elle se trouvait près du portail qui donnait accès au jardin du presbytère, côté rue.
Trois inscriptions sont lisibles « IHS », en latin « JESUS HOMINUM SALVATOR », Jésus sauveur des hommes. C’est le monogramme ou blason de l’ordre des Prêtres Jésuites fondé en 1540. Installés à Molsheim, les Jésuites ont reçu en 1667 la charge du pèlerinage de Notre Dame des Sept Douleurs à Wiwersheim. L’église paroissiale se trouvait alors sur le cimetière, la chapelle sur l’emplacement de la mairie actuelle.
Autre symbole : un cœur avec 3 clous évoquant la passion et la mort du Christ par amour pour les humains.
Sculpture en grès des Vosges sur le portail d’une ferme rue du Village
Emblème classique du « Rossbür »
Il se trouve sur le portillon d’une ferme, dite « s’Schultze ». Le « Schultz » était avant la Révolution de 1789, le chef de la communauté villageoise, nommé ici par le seigneur de Wangen. La fonction était souvent héréditaire.
Celle de Maire a été créée par Napoléon Bonaparte en 1800. Ce blason ovale est entouré d’un cadre de feuillage et comporte deux curoirs croisés (en alsacien « Riddel »). Le curoir était un outil (tige en bois avec embout en fer) qui servait à nettoyer le soc de la charrue durant le labourage. C’est devenu un emblème classique du « Rossbür », le fermier aisé qui possédait une dizaine de chevaux pour son importante exploitation. Ici ce blason n’a ni date, ni nom, ni initiales. On peut dire qu’il date des années 1700.
Le lavoir
Tous les lavoirs sont tombés en désuétude dans le Kochersberg, en raison de l’arrivée de l’eau courante dans les années 30 puis, plus tard, des machines à laver. Depuis les années 90, préserver le « petit patrimoine » qui englobe les chapelles, croix rurales, bancs de Napoléon ou lavoirs, fait partie de la volonté des villages. À Wiwersheim, la commune a entrepris la restauration de l’ancien lavoir en 2013, en posant des dalles en grès rose autour de la margelle, en montant des murs et des marches. Ce lavoir, alimenté par une source, peut être rejoint par un chemin à gauche après l’étang, ou en empruntant une ruelle à gauche en descendant la rue du Village.